Pourquoi tant de haine ?

Lorsqu’on parle d’Anne Hidalgo dans les diners en ville, ses opposants la détestent. Les automobilistes parisiens, chauffeurs de taxi en tête, l’exècrent. Il est rare qu’une personnalité politique génère tant d’hostilité contre sa personne (clivante, refus du dialogue, décide seule, gestion clanique, etc.) et si peu d’arguments étayés contre son projet. Les médias s’en font naturellement l’écho. Le 13 janvier, Anne Hidalgo pose sa candidature pour un second mandat. Sur RMC Jean Jacques Bourdin lui pose cette question : « Pourquoi êtes-vous parfois si détestée ? ». Lors de cette interview comme dans toutes ses apparitions publiques, l’expression de cette femme est surprenante.

Assise, son corps se repose sur la table devant elle, ou en arrière dans son siège. Debout, il se déhanche et sa tête descend en avant entre ses épaules, comme si elle attendait l’autobus. Elle se tient, ou plutôt ne se tient pas, comme un animal qui n’aurait pas de colonne vertébrale. Son corps est toujours d’une mollesse extrême, comme s’il dormait.

Ses caisses naturelles de résonnances, crânienne et thoracique, ne lui servent pas. Molle comme son corps, sa voix paresse dans ses fosses nasales. Elle ne vibre d’aucune passion, notamment pas de celle qui devrait animer son projet pour Paris. Elle l’impose donc comme un froid diktat puisqu’elle en a le pouvoir. « Gestion clanique » désigne pudiquement la dictature d’un clan.

Ses yeux ne regardent que pour convaincre. Tentative écologiquement vaine, car l’œil de l’orateur est fait pour percevoir l’auditeur et non pour le convaincre. Elle rompt aussi souvent son regard pour piocher dans son cerveau la suite de son discours, sans se soucier de l’effet qu’il vient de produire. D’où de fréquents « tunnels » dans ses interviews et de nombreux « euh ! » très courts, marquant sa réflexion solitaire ou terminant là encore mollement ses phrases qui ne semblent jamais finies.

Les projets comme celui d’Anne Hidalgo, qui ont vocation à révolutionner la vie d’une cité, exigent d’être incarnés par de grands orateurs. Oratrice à la « carne » dormante, Anne Hidalgo n’incarne pas le sien et donc ne l’expose pas.  Il est difficile pour ses opposants de discuter un projet qu’elle n’expose pas. Ils sont conduits par défaut à s’attaquer à sa personne.

La détestation qu’inspire parfois cette femme politique est due à sa seule absence d’éloquence, la vraie, celle du corps. Elle qui veut aujourd’hui faire de l’écologie le « socle » de son action future, n’invite pas le sien -partie de la nature lui appartenant en propre- à servir de socle à sa parole. Cela donne l’impression d’un « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais » qui peut aussi parfois agacer.

Anne Hidalgo doit son premier mandat de maire à Bertrand Delanoë qui la poussa à se présenter et fit campagne pour elle. Il était éloquent mais il n’est plus là. Elle a pourtant encore ses chances pour un second mandat. Aux tribunes et dans les interviews, Benjamin Griveaux ne se tient pas mieux qu’elle. Mais Rachida Dati vient de le dépasser dans les sondages. Sans être une grande oratrice, elle a de la tenue et propose une certaine éloquence. Elle pourrait bien changer la donne.

Stéphane André

 

Voir l’interview d’Anne Hidalgo par Jean-Jacques Bourdin sur RMC.

Commentaires

  1. Girard didier

    Tres Bonne analyse stephane
    Amitiés didier girard

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