La voix dans l’Histoire.

Les hurlements d’Hitler ont enfoncé l’Europe dans une de ses plus grandes tragédies, la voix verdienne de De Gaulle fut celle de la libération de la France puis de l’avènement de la Cinquième République en 1958, la voix baroque au timbre clair de Mitterrand conduisit la gauche au pouvoir en 1981, la voix profonde et mélodieuse d’Obama permit l’élection du premier Président noir américain. Ces voix firent l’Histoire.

D’autres voix plus ordinaires peinèrent à la faire : celle de Chirac voilée par un « grelot », la voix plus fébrile que puissante de Sarkozy, les voix chuintées de Giscard et Hollande. Tous quatre essayèrent au moins de pousser leur voix et pour les deux derniers de l’améliorer en prenant conseil. Ils ont existé dans l’Histoire, sans toutefois parvenir à en changer le cours quel que soit le désir qu’ils en eurent. Au moins en furent-ils des continuateurs. Quant à Macron, en 2017 la presse nous révélait qu’il suivait les cours d’un chanteur lyrique pour fortifier sa voix (elle avait craqué en décembre 2016 à la fin d’un discours). Il n’a pas dû persévérer, car sa voix reste petite, légèrement nasale et plus faite pour le débat en réunion que pour le discours face aux français. Parviendra-t-il à changer le cours de l’Histoire ou ne sera-t-il lui aussi qu’un continuateur ? La question est d’une actualité brûlante.

Enfin viennent les voix abandonnées. Leurs orateurs se soucient d’elles comme de leurs premières chaussettes. Ils pensent que la seule argumentation suffit à convaincre. Rocard, Borloo, Loiseau, Faure (Premier Secrétaire du PS), Villepin et Montebourg sont de ceux-là. Les deux derniers paraissent en plus certains de leur pouvoir de séduction. Sans projet vocal, ces orateurs passent dans l’Histoire sans en faire vraiment partie, même comme continuateurs.

Le lecteur qui n’aurait pas encore repéré Olivier Faure (posez la question dans un dîner, vous verrez que vous n’êtes pas le seul) peut se reporter à son interview du 26 mars dernier, dans les Quatre Vérités sur France 2. Il était reçu sur une chaîne nationale, à une heure de grande écoute, face à une grande « signature » du PAF, mais il ne semblait pas s’en rendre compte. On le voyait converser avec la journaliste comme avec une connaissance rencontrée par hasard dans un rayon de supermarché. Le haut de son dos était tout arrondi, sa voix monotone était au repos complet. Nous assistions à une conversation privée. La présence des caméras était incongrue.
Si les voix font l’Histoire, oubliées elles peuvent la défaire. Le PS d’Olivier Faure, qui n’a même pas de tête de liste aux élections européennes, va peut-être sortir de l’Histoire. La dangereuse accélération actuelle de son déclin est la conséquence directe de la transparence vocale de son Premier Secrétaire.

Stéphane André